Frontières
Exposition les Nouveaux Collectionneurs, Espace voltaire, Paris, Fr
2021

Au-delà du mur est une installation composée de deux impressions sur verre questionnant la notion tangible de frontière dans toutes ses potentialités et contraintes. À travers une esthétique et des coloris tirés des cartes topographiques, cette installation amène à une réflexion sur les limites vacillantes de la frontière qui uni autant qu’elle divise.
À travers la première impression au mur, le visiteur est face à un à corps à peine identifiable qui tente de gravir un mur de rocher. La frontière est ici perçue comme une délimitation physique, plus précisément comme un véritable mur qui retient autant qu’il protège de nombreux individus de par le monde. Cette première image parle de limites visibles, la frontière est vue comme une interface qui s’ouvre et se ferme offrant ainsi une multitude de potentialités.
Au sol une deuxième impression, une seconde interface, à l’image d’un miroir d’eau, nous donne un autre point de vue. Cette fois-ci le corps a disparu, les couleurs sont froides et vacillent, l’image glitch par endroit. Ce n’est pas une barrière physique, mais une frontière immatérielle et mouvante qui nous est donnée à voir, une frontière complexe qui existe à travers différents processus sociaux, économiques et politiques. Cette image questionne un nouvel aspect : face à ces nouvelles frontières politiques, nous ne sommes pas tous égaux, la notion de frontière varie d’un individu à l’autre. L’absence de corps met en avant cette impuissance d’exister seul face à ce que représente la notion de frontière aujourd’hui. L’individu est effacé, car il ne peut plus exister, cette idée est par ailleurs renforcée par des couleurs sombres irradiantes assimilables à une lente plongée vers les abysses où l’humain ne peut survivre.
Au travers de cette installation deux facettes indissociables de la notion de frontière : la réalité et sa potentialité.
À l’image d’une pierre jetée dans l’eau, la frontière est à la fois l’impact physique (mur) et les ondes à la surface de l’eau qui en résulte (sol). De par ses couleurs et sa fragmentation, cette œuvre nous transporte vers une mise à distance critique de nos territoires pour imposer un questionnement plus large sur l’avenir du monde, car comme le souligne Anne-Laure Amilhat Szary, aujourd’hui la frontière est devenue un lieu où nous avons admis de perdre notre humanité.

 

"Dans un monde corrompu par l’encouragement à l’opposition, Manon Pretto souhaite se placer du côté de la collaboration et de l’alliance. Pour elle, la frontière est un symbole d’invisibilité et de visibilité. Une délimitation des espaces qui nous divise et nous oppose, à travers une idée de protection et, en conséquence, du danger de l’autre. Cette frontière est devenue pour elle une barrière, un mur à franchir. Ses œuvres nous invitent à participer dans cette résistance. 
“Dans ma pratique, je m'efforce de déconstruire mon regard et de laisser de la place à l'autre. Je cherche à questionner nos espaces, communs, publics et privés.”