Un gant sur la lune
Installation, photographie, 100 x 70 cm
2019

Comme le premier pas sur la lune, ce gant apparaît comme une trace incrustée, un oublié brillant sous la lumière du néon. Cette installation est la rémanence d’un voyage de recherche dans la ville de Détroit, aux États-Unis. Ce groupe de recherche “Léviathan” envisage des problématiques de société par le prisme de la littérature à travers la figure d’une créature mythologique. 

Quelque chose se noue à Détroit, dans les profondeurs sombres et mouvantes du lieu d’un naufrage, celui de la ville. Il ne s’agit pas ici de se laisser happer par ce spectacle de la catastrophe que nous offrent les images des ruin-porners. Détroit nous amène au plus près de cet « après-désastre », en conserve toujours les empreintes et dont les « rescapés » en sont aussi les premiers témoins. 

 

Cette image lunaire teintée de bleue nous semble provenir d’un univers de science-fiction. D’un gant entre l’empreinte et la calcification, cette image semble témoin d’une époque. Un âge indiscernable d’un temps passé ou d’un temps à venir. Un gant de chantier symbole d’une certaine classe de population, des constructeurs, des pionniers d’un monde; un monde disparu. 

Cette image se fonde sur un concept d’archéologie fictionnelle. Œuvrant dans le domaine de l’installation, de l’histoire, de photo et du cinéma. Cette photographie correspondante à un entre-deux ambigu met en scène les reliques futures du présent, venant troubler la temporalité de l’objet regardé. 

 

Alors que le présent, le futur et le passé se combinent avec une esthétique uchronique et faussement fragile, cette installation met en tension un rapport à l’objet imprimé et l’icône. Cette photographie est à mi-chemin entre le témoignage et la preuve. L’idée est de créer une fiction sur toute la potentialité du récit derrière cette image en jouant sur l’expérience du caractère intemporel de certains symboles et de certains gestes interculturels. La lecture est d’autant renforcée par l’éclairage du néon.